Quelle est pour vous l’importance d’un envoi de spi ?
« C’est pour moi le point de départ d’une bonne « gavade » !
Lorsque tu es en course, de type banane, à la fin du premier près on peut voir se former des groupes qui se scindent, surtout celui de tête et donc l’envoi de spi est une manoeuvre importante.
Bien qu’ en cata de sport, les vitesses au portant sont importantes, elles ne permettent pas toujours de se refaire. A haut-niveau, les différences de vitesse et la qualité tactique sont homogènes. C’est pourquoi l’envoi de spi devient déterminant. »
Y a-t-il une importance tactique ou stratégique à effectuer cette manœuvre ?
« Effectuer cette manœuvre est obligatoire, c’est la manière de l’effectuer qui sera conditionnée par une approche tactique ou stratégique.
Par exemple le « jibe-set » s’impose à la bouée au vent pour aller prendre le plus vite possible la droite du plan d’eau. En conséquence, le plan de pont du bateau doit permettre l’envoi du spi depuis les deux amures, par rapport à la stratégie prise.
Ceci dit, les trajectoires de l’abattée sont alors importantes et conditionnées par l’adversaire.
Le potentiel de vitesse de ces bateaux, je veux dire l’accélération de ce dernier, et l’importance du vent apparent en catamaran de sport font que le gain sous le vent à l’abattée n’est pas une priorité.
Quelle communication avez-vous à bord ?Quels sont les points importants lors de la manœuvre?
Sur la fin du près et pendant le « Dog-Leg», l’équipage doit avoir décidé de sa stratégie et anticipé les contacts possibles au moment de l’abattée. En résumé « Jibe-set » à la bouée ou « coup du sombrero».
Le barreur doit rester maître du bateau dans l’abattée et non l‘inverse. C’est ce qui donnera le timing des actions pour l’équipier, notamment le moment auquel il pourra rentrer du trapèze.
Il faut avoir automatisé cette manœuvre. Ce qui est adaptable, c’est le départ de l’envoi et le tempo des actions «FRC». »
Quelles sont les erreurs à éviter ?
Rentrer trop tôt du trapèze alors que le bateau n’est pas sur sa route normale, c’est risquer de se faire éjecter du bateau par l’arrière à l’abattée.
Une trajectoire d’abattée trop basse arrêtera le bateau et laissera le champs libre aux adversaires de derrière de remonter et permettra à ceux de devant de creuser l’écart.
Où se porte l’attention de l’équipier et celle du barreur ?
De manière générale quelle que soit la force du vent, la priorité dans les rôles des équipiers ( barreur et focquier ) sera de maîtriser l’assiette du bateau dans l’abattée, afin de garantir une courbe maîtrisée, l’accélération et l’équilibre du bateau.
Pour une abattée simple sans empannage, l’équipier rentre en premier en appliquant la règle du «F-R-C», moyen mémo technique pour FOC – ROTATION DE MAT- CUNNIGHAM.
Le barreur reste au trapèze pour écraser le bateau et assurer l’abattée et ainsi ne pas mettre les safrans en ventilation (bulle d‘air qui se fixe autour du safran et qui empêche de diriger le bateau). D’autant plus si un adversaire tente passer à notre vent ou si un adversaire nous chatouille le tableau arrière.
Une fois le « FRC » réalisé, l’équipier envoie le plus rapidement possible le spi.
La cerise sur le gâteau est d’avoir l’écoute de spi à portée de main du barreur afin que lorsque celui-ci rentre du trapèze, il puisse border le spi à l’instant où il arrive en tête.
Pour un empannage à la bouée, Jibe-Set, étant donné que le virage sera plus long, l’accent est mis sur sa maîtrise. Donc toute l’attention de l’ équipage se porte sur l’assiette du bateau. Le danger est de charger l’avant du bateau dans l’eau et que les safrans ventilent. Une fois le bateau à plat, l’équipage rentre: « FRC » pour l’équipier et envoi de spi dans la foulée.
En résumé, l’attention se porte plus particulièrement sur la qualité du virage, plutôt que sur l’empressement à faire monter le spi. Un bon virage, un bon équilibre et une franche accélération sont essentiels pour cette manoeuvre.
La VMG optimale en catamaran de sport autorise les routes hautes, donc l’abattée se porte davantage sur l’accélération que sur la descente, surtout si un adversaire se trouve devant sous le vent à moins de 3 longueurs.
Ainsi tactiquement, il peut y avoir beaucoup à gagner en passant au vent d’un ou plusieurs bateaux, le « coup du sombrero » ! Par exemple, si stratégiquement il faut privilégier la gauche du parcours, avec en plus une évolution droite du vent, l’idée de rester au vent de l’adversaire est prépondérante. À l’inverse, si c’est sur la droite du plan d’eau qu’il faut aller, il sera important d’anticiper sa trajectoire pour passer au raz de la bouée, pour ensuite se mettre vent arrière.
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